Dimanche 8 mai, sous un éclatant soleil de printemps, les Frontonnais réunis devant le Monument aux Morts, ont célébré le 77e anniversaire de la Victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie.
M. Hugo Cavagnac, le Maire de Fronton, M. Edmond Aussel, maire de Saint-Rustice, Mme Karine Barrière, maire-adjointe de Fronton et conseillère départementale, de nombreux conseillers municipaux, le lieutenant Matthias Garnier, chef de la Communauté de brigades de gendarmerie de Fronton, le lieutenant Michel Paban, chef du Centre de Secours de Fronton, accompagné de nombreux sapeurs-pompiers, les représentants des associations patriotiques et les musiciens de l’Orchestre d’Harmonie du Frontonnais ont rendu hommage à toutes les victimes civiles et militaires de la Seconde guerre mondiale, le conflit le plus meurtrier de l’histoire.
« Comme toutes les villes et villages d’Europe, Fronton aussi payé le tribut du sang : Jules Balazs, Mathurin Le Retraité, Henri Gélis, Lucien Rouzet, Henri Giscard, Jules Bersac, Alain de Falguières. Gardons-les dans nos cœurs et dans notre mémoire ! », a rappelé dans son allocution M. Cavagnac.
« Pour nous, Français et Européens, le 8 Mai est surtout le jour de la victoire de la démocratie sur le totalitarisme et la barbarie. Si la Première Guerre a ancré la République en France, la Seconde Guerre mondiale a proclamé le règne de la liberté politique, sous la protection du droit, dans un précieux équilibre de contre-pouvoirs qui nous protège des autoritarismes. Au-delà du suffrage, c’est aussi cet ensemble institutionnel qui est la seule source de la légitimité de l’Etat. La liberté politique dans toutes ces composantes, la justice, la laïcité, l’éducation : ces valeurs n’existent pas en dehors de l’Etat de droit, elles ont besoin de ce cadre des institutions pour ne pas être l’otage des agitateurs de colère et de haine », a souligné aussi M. Cavagnac.
Consultez l’intégralité du discours de M. Hugo Cavagnac, maire de Fronton :
Allocution de M. Hugo Cavagnac, maire de Fronton
Allocution de M. Hugo Cavagnac, Maire de Fronton, à l’occasion du 77e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale, le 8 mai 1945
Fronton, le 8 mai 2022
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les représentants d’associations d’anciens combattants,
Messieurs les portes drapeaux,
Mesdames et messieurs les représentants des corps constitués,
Mesdames et messieurs les représentants des associations,
Mesdames et messieurs les représentants des écoles,
Mesdames et messieurs, chers Frontonnais,
Chers enfants,
Chaque année, le 8 Mai, nous célébrons le Jour de la Victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie.
Presque inconcevable, le sombre bilan de la Seconde Guerre mondiale s’imposait alors aux survivants avec une violence implacable : 60 millions de victimes militaires et civiles, 6 millions de Juifs systématiquement exterminés dans la Shoah, des dizaines de milliers de Tziganes morts aussi dans les camps, des millions de personnes déplacées, des pays en ruine, des villes dévastées voire rayées de la carte…
Comme toutes les villes et villages d’Europe, Fronton aussi payé le tribut du sang : Jules Balazs, Mathurin Le Retraité, Henri Gélis, Lucien Rouzet, Henri Giscard, Jules Bersac, Alain de Falguières. Gardons-les dans nos cœurs et dans notre mémoire !
Pour nous, Français, cette guerre fut une cruelle leçon, depuis le traumatisme de l’effondrement, militaire et politique, en quelques semaines de mai-juin 1940 jusqu’à l’expérience honteuse de l’Occupation et de la mise en sommeil des institutions et des valeurs de la République par le régime dit de Vichy. De fait, de juin 1940 à l’été 1944 de la Libération, la liberté, l’égalité, la fraternité furent déclassées et bafoués par l’exercice d’une autorité illégitime et criminelle, celle de Pétain, Laval et leurs sbires : la dernière dictature de notre histoire !
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Mais nous, Français, nous sortions aussi de cette terrible épreuve nationale revigorés par le combat sans relâche et l’esprit de la Résistance, inspirée par le Général De Gaulle, et rassemblant des patriotes, femmes et hommes, de tous milieux sociaux, de toutes religions, de toutes opinions politiques, unis et représentés par le Conseil national de la Résistance.
Les paroles du Général De Gaulle ne laissaient aucun doute quant au sens profond de cet engagement trans-partisan. L’enjeu est clairement la démocratie quand il proclame dès 1941 : « Nous disons : liberté, égalité, fraternité, parce que notre volonté est de demeurer fidèles aux principes démocratiques […] qui sont l’enjeu de cette guerre pour la vie et pour la mort ».
En cohérence avec cette volonté, des années plus tard, le 4 septembre 1958, présentant aux Français le projet de constitution de la Ve République, André Malraux ne manquait pas de rappeler : « Ce qu’est pour nous la République, nous ne l’avons jamais si bien compris que pendant les années d’Occupation… »
Pour nous, Français, le 8 Mai est donc bien plus que la date commémorative d’une victoire militaire.
Pour nous, Français et Européens, le 8 Mai est surtout le jour de la victoire de la démocratie sur le totalitarisme et la barbarie. Si la Première Guerre a ancré la République en France, la Seconde Guerre mondiale a proclamé le règne de la liberté politique, sous la protection du droit, dans un précieux équilibre de contre-pouvoirs qui nous protège des autoritarismes.
Au-delà du suffrage, c’est aussi cet ensemble institutionnel qui est la seule source de la légitimité de l’Etat. C’est cet ensemble qui nous met à l’abri des illusoires légitimités médiatiques et qui nous protège des apprentis sorciers qui veulent désobéir aux règles collectives en prétendant avoir le monopole du peuple.
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Faut-il encore le rappeler ? En 1945, cette espérance dans la liberté politique n’était pas partagée. A l’Est de l’Europe, l’Union soviétique hier, la Russie de Poutine aujourd’hui célèbrent le 9 mai 1945. Le décalage d’un jour a toute son importance car cette date marque le triomphe du totalitarisme stalinien sur le totalitarisme nazi.
Il est rare en effet que les coïncidences des calendriers mémoriels soient si profondément chargées de significations politiques. A ce 9 mai soviétique et russe, nous, Européens, nous opposons le 9 Mai de la Déclaration Schuman, point de départ de la construction européenne comme fondement de la réconciliation des peuples vivant en démocratie sous la protection des Etats de droit.
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77 ans plus tard, voilà que, dans cette Europe hier ravagée par deux guerres mondiales, divisée par la Guerre froide, la liberté demeure toujours si fragile.
77 ans plus tard, voilà qu’il y a encore en Europe des pays et des peuples qui se voient violemment punis par le soi-disant « Grand frère de l’Est » pour avoir osé, démocratiquement et souverainement, décider de leur propre sort. Notons la constance du paradoxe, ou l’envahisseur se présente toujours comme un libérateur.
77 ans plus tard, voilà qu’en France, des idéologues maquillent leur complaisance au tyran, cachent leur indignité, par le faux nez du non alignement.
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Car attaquer l’Ukraine, ce n’est pas soigner quelque orgueil national blessé ou laver quelque défaite symbolique de la Russie à l’issue de la Guerre froide, comme voudrait nous le faire croire Vladimir Poutine et ses collabos.
Attaquer l’Ukraine, bombarder ses villes, massacrer sa population, hommes, femmes et enfants, les condamner à l’exil, c’est bafouer toutes les valeurs humaines et politiques auxquelles nous croyons, pour la défense desquelles le Général De Gaulle et les Français libres se sont rebellés le 18 juin 1940, qui ont refondé notre République au retour de la paix, et qui inspirent la construction de l’Europe depuis 71 ans.
Cette année, confrontés à ce retour tragique de la guerre sur notre continent, les commémorations du 8 et du 9 Mai acquièrent donc une valeur particulière et une réalité encore plus sensible.
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Liberté, égalité, fraternité : il ne faut pas juste les énumérer mécaniquement sans conscience de la fragilité de ces trésors.
Toujours, ici et maintenant, il faut les défendre et les faire vivre par et grâce à nos institutions démocratiques. La liberté politique dans toutes ces composantes, la justice, la laïcité, l’éducation : ces valeurs n’existent pas en dehors de l’Etat de droit, elles ont besoin de ce cadre des institutions pour ne pas être l’otage des agitateurs de colère puis de haine.
La démocratie, démos–kratos, est une forme précise de l’autorité du peuple. Ce demos, le peuple, n’est pas la foule. Elle n’est pas incarnée par une figure mais par des représentants élus. Personne ne peut être le seul représentant du peuple.
Kratos, l’autorité n’est pas le plein pouvoir d’une personne. L’autorité n’est légitime que grâce aux contre-pouvoirs qui la surveillent, qui la canalisent. Méfions-nous donc des autoproclamés porte-paroles de la foule qui prétendent désobéir au nom du peuple. Ce n’est pas la démocratie, ce sont des germes de l’autoritarisme.
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Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monde n’a cessé de changer. Des empires se sont effondrés, d’autres ont émergés, de nouveaux Etats ont vu le jour, des régimes politiques ont changé.
Mais tout compte fait, la démocratie, malgré ses imperfections, s’est montrée le système politique le plus durable, le plus flexible aussi, le seul système à pouvoir s’améliorer tout en restant fidèle à sa raison d’être : la liberté, notre « liberté chérie » dont parle la Marseillaise.
Préservons-la comme notre bien le plus précieux.
Vive la liberté !
Vive la République !
Vive la France !
Message de Mme Geneviève Darrieusecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées
Après la cérémonie, les participants ont partagé le vin de l’amitié au Préau des Chevaliers de Malte.