À l’occasion de la Journée de la Laïcité, samedi 9 décembre 2023, le Maire Hugo CAVAGNAC a inauguré devant l’école Marianne le parvis Samuel Paty.
En présence des élèves et des enseignants de l’école Marianne et du lycée de Fronton, de l’inspectrice de l’Éducation nationale, des représentants des associations, du député du Nord Toulousain, Jean-François Portarrieu et de nombreux élus locaux, le Maire de Fronton Hugo Cavagnac a inauguré le parvis Samuel Paty devant l’école Marianne. La décision prise en juin 2023 par le Conseil municipal est un geste symbolique fort pour montrer le soutien de la commune et des Frontonnais à la laïcité et à l’école touchée à par l’assassinat, en 2020 et 2023, de deux de ses professeurs.
En ouverture de la cérémonie, les élèves de l’école Marianne ont lu le poème « Liberté, j’écris ton nom » de Paul Éluard et chanté « Qui ne se ressemble pas s’assemble ». Trois lycéens de première ont expliqué ensuite à l’audience la signification et l’importance du principe de la laïcité.
M. Jean-Marie Matisson, représentant de l’association Unité Laïque, a transmis le message de Mickaëlle Paty saluant la décision de la commune : « Vous vous honorez en manifestant votre attachement à la laïcité républicaine, votre rejet du fanatisme, votre espoir dans la force de l’école de la République, ces idéaux pour lesquels Samuel Paty, mon frère, et désormais Dominique Bernard ont perdu la vie ».
« En nommant ce parvis de l’école Marianne parvis Samuel Paty, nous envoyons un signal fort à nos professeurs et nous marquons d’une pierre blanche notre attachement à la République, à la laïcité. Rappelons-le sans cesse, la laïcité en France est la liberté de croire ou de ne pas croire, de vivre collectivement sous les lois de la République et non sous celles religieuses. D’évidence, l’islamisme radical veut détruire notre modèle républicain laïc. Nous ne devons rien céder. Dans ce combat, nous avons deux piliers, l’éducation dans la famille et l’instruction à l’école. En tant que responsables politiques, nous devons être unis et responsables, sans rien céder aux amalgames, à la complaisance, ou aux calculs électoraux mortifères », a souligné M. Hugo Cavagnac, Maire de Fronton, remerciant aux Frontonnais d’être venus si nombreux.
Consultez l'intégralité du discours de M. Hugo Cavagnac, maire de Fronton et président de la CC du Frontonnais
Discours de M. Hugo Cavagnac, maire de Fronton et président de la CC du Frontonnais, à l’occasion de la Journée de la Laïcité
Fronton, Parvis « Samuel Paty », 9 décembre 2023
Monsieur le député,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs représentant le monde enseignant,
Mesdames et messieurs représentant les associations,
Monsieur le curé,
Cher conseil municipal des jeunes,
Chers enfants,
Chères Frontonnaises, Chers Frontonnais,
Merci d’être venus si nombreux aujourd’hui en ce 9 décembre. Comme chaque année depuis 2015, nous célébrerons la Journée de Laïcité. Cette année, cette célébration est particulière tant les dernières semaines ont été marquées par des attaques multiples à cette valeur cardinale de la France.
Le 13 octobre 2023, le professeur Dominique Bernard a été lâchement assassiné par un terroriste islamiste, nous rappelant à quel point l’école est menacée car elle représente la laïcité, la transmission des savoirs et des valeurs républicaines. Trois ans avant lui, presque jour pour jour, le professeur Samuel Paty avait été tué de la même manière.
Nous ne les avons pas oubliés et nous ne les oublierons pas. Célébrer la Journée de Laïcité, c’est aussi célébrer leur mémoire.
Ici en Haute-Garonne nous portons encore les stigmates de cette terreur. Dans son parcours meurtrier, le terroriste Mohamed Merah avait abattu le professeur Jonathan Sandler au sein d’une école juive à Toulouse. Il a été le premier professeur assassiné sur le sol français par un terroriste islamiste. Nous ne l’avons pas oublié non plus.
D’évidence, l’islamisme radical a la volonté de détruire notre modèle républicain laïque et toutes ses valeurs que ces fous de dieu haïssent.
Rappelons-le une nouvelle fois, la laïcité en France n’est pas une démarche anti-religieuse. C’est une démarche libérale de croire ou de ne pas croire, de vivre collectivement sous les lois de la République et non sous celles de la religion.
La laïcité n’est pas contre l’islam, ni contre les musulmans. La laïcité doit nous protéger de l’islamisme qui est le cancer de l’islam. Je sais la difficulté de la majorité de nos compatriotes musulmans qui vivent leur culture ou leur foi dans le respect des autres et des lois de notre République laïque. Ils sont des victimes collatérales de cette guerre.
Je connais le dilemme de certains sur la légitimité de leur présence dans ses moments républicains comme aujourd’hui. Ne pas y être, c’est le risque d’être accusé de complicité, y participer c’est craindre des regards inquisiteurs.
Pour vous tous présents, chers Frontonnais, je vous incite à suivre l’appel de Raymond Aron, « connaitre le passé est une manière de s’en libérer ».
Alors permettez-moi de revenir sur le virage mondial pris il y’a un siècle et qui explique en partie nos problème. A la fin de la première guerre mondiale, c’est la fin de l’Empire Ottoman, c’est la fin de la principale institution de l’unité panislamique, la fin du Califat. L’Egyptien Hassan al-Banna mène la réaction des partisans de l’islam politique et fonde en 1928 le Société Égyptienne des Frères Musulmans. Al-Banna, le grand père de Tariq Ramadam que nous connaissons trop bien en France, fixe à ses fidèles l’objectif de retrouver le Califat, de créer un nouvel ordre mondial fondé sur l’Islam. Son message est clair : « La patrie musulmane s’élargira pour couvrir le monde entier ».
Les Frères musulmans ont lancé une véritable déclaration de guerre à l’ordre mondial existant. Tous les extrémistes et djihadises combattent pour cette quête. La liste est longue. Al Qaida, le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, les Talibans afghans, le régime iranien des Ayatollah, les milices syriennes Jabhat al Nostra, l’Etat islamique en Irak et au Levant jusqu’à plus récemment Boko Haram au Niger.
Ces organisations islamistes ont dépassé le schisme entre sunnites et chiites, pourtant fratricides, pour s’unir dans leurs entreprises terroristes aux États-Unis de New-York à Washington, puis sur le sol européen de Madrid à Londres, de Paris à Nice, nous nous en souvenons tous.
Mais plus pernicieux encore que les actes terroristes car moins visible, mais quotidien, les adversaires de nos libertés attaquent la laïcité à bas bruit dans une stratégie des petits pas, comme une marée qui monte et reflux quotidiennement.
De ces actes quotidiens, dont nous ne retenons que les images médiatisées et soumises à la polémique inutile, du voile de Creil en 1989, du Burkini quand arrive l’été et plus récemment de l’abaya encore à l’école, dont je salue l’interdiction.
Avec méthode et constance, ils défient notre République et testent notre résistance quotidiennement. Nous le savons, nous sommes prévenus depuis longtemps par des chercheurs comme Gilles Kepel et Florence Berteaud Blacker ou la journaliste Caroline Fourest.
Parce qu’ils disent les faits, ces scientifiques sont sous protection policière. Une minorité d’étudiants et d’universitaires les empêchent d’enseigner depuis des décennies.
Hélas, notre société n’est pas seulement ébranlée par ces provocations. Elle l’est aussi et plus assurément par l’assasinat de nos professeurs au sein même de notre école, le sanctuaire de la transmission de nos valeurs républicaines de laïcité et de liberté.
Ces menaces s’accélèrent et se diffusent en masse au temps des réseaux sociaux et de l’information continue, canaux de diffusion des messages de haine des minorités radicalisées.
Suivant les mêmes principes révolutionnaires de Trotski, les islamistes veulent semer la terreur en Occident, le faire reculer sur ses valeurs et le faire repentir sur son Histoire. Ne soyons pas dupes. C’est une démarche civilisationnelle au sens du sociologue allemand Norbert Elias.
Face à cela, nous ne devons rien céder. Nous devons rejeter en bloc les justifications décolonialistes, les considérations relativistes, qui ont conduits aux assassinats de Dominique Bernard et Samuel Paty. Donner du crédit à ces discours victimaires, à ce wokisme, c’est être les idiots utiles du terrorisme. Croyez-vous que les assassins Tchétchènes de ces deux professeurs eussent été victimes de l’Histoire de la France.
En tant que responsables politiques, nous avons le devoir de ne pas céder aux amalgames, à la complaisance, aux calculs électoraux mortifères.
Malheureusement, depuis des années, l’extrême gauche joue un jeu de dupes avec les ennemis de la République pour capter un vote communautaire. La démarche est connue, théorisée et mise en œuvre depuis longtemps par ces « Barons noirs ».
Dans le même temps, l’extrême droite qui s’imagine le destin du dernier recours, surfe sur l’archipelisation de notre société pour accentuer ces fractures en faisant notamment l’amalgame entre les islamistes et les Français de confession musulmane.
Dans un marketing politique primaire, l’extrême droite lorgne sur un vote religieux. Observez ces multiples publications de ces élus cravatés sur les réseaux sociaux devant une crèche, bientôt ils posteront sur Facebook des photos à genoux sur un prie-Dieu. Contrairement au terrorisme, le ridicule ne tue pas.
Nous ne devons rien céder à ces stratégies électorales.
Face aux outrances de l’extrême gauche et face à la dissimulation de l’extrême droite, face à ceux qui veulent prospérer sur la division en semant la haine, nous devons être unis et responsables.
Pour sortir de cette crise et défendre nos valeurs et notre modèle, nous devons sortir de l’injonction léniniste qui consiste à tout conflictualiser, tout bordéliser comme ils disent.
Nous devons nous recentrer sur notre socle commun, notre corpus commun de valeurs. Il nous faut retrouver l’unité de notre société, elle qui s’est transformée en « archipel » d’après la formule de Jérôme Fourquet.
Je parlais précédemment de courage. C’est précisément ce qu’il nous faut pour répondre à la menace. De la clarté et du courage politique. Ne céder ni au déni ni à l’aveuglement. Il faut dire les faits tels qu’ils sont et non pas tels qu’on voudrait qu’ils soient. On ne dit plus la vérité commune par manque de courage, par conformisme partisan ou par peur de la solitude qui est inhérente à la recherche de la vérité.
Nous ne pouvons plus céder aux atteintes quotidiennes à nos valeurs républicaines.
C’est la liberté, qui n’est pas l’individualisme
C’est l’égalité, qui n’est pas l’uniformité.
C’est la fraternité, qui n’est pas le communautarisme.
C’est la laïcité, parce que la foi n’est pas la loi.
C’est cela la République. C’est cela qui nous permettra demain de ne pas « vivre face à face », selon la formule de Gérard Collomb à qui nous rendons hommage.
Dans ce combat pour nos valeurs, nous avons deux piliers, l’éducation dans la famille et l’instruction à l’école.
L’école est le sanctuaire de la connaissance, de la transmission. Nos professeurs, au premier rang d’entre eux Samuel Paty et Dominique Bernard doivent rester les hussards noirs de notre République.
Cette défense exige un sursaut moral de tous, une solidarité de tous, pour tous.
Il y’a quelques jours, l’écrivaine Abnousse Shalmani disait la chose suivante : « Il n’y a pas de laïcité, il n’y a que des preuves de laïcité ». C’est ce que nous faisons ici à Fronton, avec patience, méthode et fermeté. Nous nous élevons intellectuellement petits et grands et formons les citoyens de demain en organisant des temps de réflexion philosophique pour les enfants comme pour les adultes, des conférences et des réunions publiques sur ces thèmes-là.
Nous prenons le temps de nous écouter, d’argumenter nos controverses, nous prenons le temps de nous respecter.
C’est pour cette raison que le 9 décembre de chaque année, nous organisons la Journée de la Laïcité et nous plantons un arbre. En 2016 nous avons choisi de donner le nom de Marianne à cette école car la République laïque était déjà menacée, cette année, en renommant le parvis de l’école Marianne « parvis Samuel Paty », nous envoyons un signal fort à nos professeurs et nous marquons d’une pierre blanche notre attachement à la République, à la laïcité.
Chers Frontonnaises, Chers Frontonnais, je vous remercie très chaleureusement d’avoir partagé ce moment fort tous ensemble.
En restant unis, nous donnons le meilleur de nous-même et nous nous donnons la chance d’un avenir en commun.
Vive la République !
Vive la France !