Markus Wanger est un artiste mondialement connu et reconnu. Infatiguable dans sa recherche d’experiences visuelles toujours plus profondes et renouvellées, Markus Wanger a exploré une diversité de techniques de peinture jusqu’à en inventer la sienne, le structuralisme 3D. Installé à Fronton depuis 2021, M. Wanger a accepté de répondre à nos questions.
Vous êtes né en Autriche et vous avez longtemps vécu et travaillé au Liechtenstein. Depuis novembre 2021, vous habitez Fronton. Pourquoi avez-vous choisi notre village ?
Je dirais que je suis plus un artiste passionné qu’un artiste de renommée mondiale. Mes œuvres ont déjà été exposées en Europe, en Amérique et en Asie, mais cela n’est pas synonyme de célébrité.
Je suis né et j’ai fait mes études en Autriche, j’ai vécu et travaillé au Liechtenstein pendant un certain temps. Mes voyages m’ont mené en Asie et en Amérique. Cependant, j’ai toujours voulu découvrir le sud de la France, son histoire, sa culture et surtout les couleurs de la nature. Ma compagne, Odile, a grandi à proximité de Fronton, il était donc logique de chercher un atelier dans cette région. Nous l’avons trouvé à Fronton.
Mon environnement familial et un peu de chance ont voulu que mon souhait se réalise à Fronton. Alors je confirme, Fronton est en effet une petite ville pleine de vie, de couleurs et de possibilités aux portes de Toulouse.
Fronton n’est pas seulement connu pour ses vins, mais aussi pour son rapport à l’art. Même Toulouse-Lautrec, le célèbre artiste français, est souvent venu à Fronton. Fronton est une ville engagée culturellement avec de très belles manifestations pour les petits et les grands. Je pense particulièrement aux expositions du Château de Capdeville. Ces expositions valorisent le travail artistique, on parle de l’artiste, il est commenté et progressivement l’attention que le public porte à son art augmente. Les enjeux liés aux expositions ne sont pas négligeables.
Vous pratiquez la peinture comme une recherche passionnée d’une expérience visuelle et humaine constamment renouvelée. Cette quête vous a poussé à explorer les théories de la couleur et expérimenter des techniques diverses jusqu’à en inventer une propre, le structuralisme 3D, que vous avez brevetée. De quoi s’agit-il et comment vous y êtes parvenu ?
Quand je peins, je cherche toujours les limites des couleurs et des formes. Goethe et Itten, avec leur théorie des couleurs, m’ont inspiré. D’où mon affinité avec les tableaux de Monet et de Turner.
Très tôt, j’ai réalisé que de nombreux artistes peignaient bien mieux et de manière plus technique que ce que je pratiquais à l’époque. J’ai donc voulu inventer une nouvelle technique qu’aucun artiste n’avait encore utilisée avant moi dans la création de ses œuvres d’art.
Je n’ai pas volontairement créé de toutes pièces une technique. Elle est venue à moi. Je l’ai découvert dans mes toiles par hasard, et cela fait plus de 30 ans. J’avais préparé un support et peint celui-ci en dispersant la couleur ; à l’époque je travaillais beaucoup sur du papier et à l’acrylique. Le lendemain, la peinture révéla les contours d’un château et d’une chapelle en relief. C’est à partir de cette expérience que j’ai développé le structuralisme 3D.
Mon frère, qui est historien de l’art, m’a confirmé qu’il n’avait jamais vu une telle technique auparavant. J’aurais pu simplement travailler avec cette nouvelle technique, mais je voulais me prouver à moi-même qu’il s’agissait d’une nouvelle technique de peinture dans l’histoire de l’art. La seule preuve irréfutable était d’en obtenir le brevet. Après quelques années, j’ai obtenu la confirmation que ma technique de peinture était nouvelle en Suisse, en France, en Angleterre, dans l’Union européenne, à Hong Kong et même aux États-Unis.
Vous êtes un habituel des salons d’art contemporain et votre travail a été maintes fois récompensé. Mais vous exposez aussi dans des lieux de vie, de travail et de loisir. Quelle est, à votre avis, la place de l’art dans notre monde et dans l’espace urbain ?
J’ai participé à de nombreuses expositions d’art et Art Expo et j’ai reçu, entre autres, des prix pour l’œuvre de ma vie. Les expositions sont pour moi capitales. C’est comme pour un danseur de ne pouvoir jamais danser sur scène. Un danseur est fait pour se produire sur scène. Pour ma part, je ne peux pas m’imaginer travailler dans mon atelier sans exposer mes œuvres. Mes tableaux reflètent toujours ce que je voie et ressens au moment précis de la création.
L’art dans le monde d’aujourd’hui n’a malheureusement plus la place qu’il occupait depuis des millénaires. Pourtant, l’art reflète sous toutes ses facettes ce que nous vivons, ressentons et craignons. C’est pourquoi l’art plaît, provoque ou même repousse. Il y a des siècles, c’était différent, à l’époque l’art devait être pur et beau et souvent mathématiquement précis. La théorie du nombre d’or en est la preuve.
Je m’intéresse depuis des années à l’art et au droit, ainsi qu’au marché de l’art et à son système. A mon avis, il existe des artistes qui créent de l’art pour l’art, d’autres créent de l’art qui doit plaire et enfin il y a l’art à succès commercial soutenu par le marché de l’art. Les maisons de vente aux enchères, les conservateurs, les musées, les collectionneurs entre autres influencent le marché de l’art.
Ici, en Europe, nous cultivons de moins en moins l’art et la culture et nous maximisons de plus en plus le profit. En Asie, c’est un peu différent. A Pékin, il y a plusieurs “villes” (quartiers) de la taille de Fronton (6000 habitants ou plus). Seuls des artistes y vivent, on y trouve des galeries et des centres de formation, des magasins de fournitures pour artistes, etc. L’art y est omniprésent. Les artistes sont encouragés. J’ai pu faire une conférence dans une université d’art et faire une démonstration de ma technique de structuralisme 3D.
En Europe, les artistes qui créent de l’art pour l’art et qui voudraient échapper au marché pour conserver leur indépendance totale ne pourront même pas vivre de leur art. Ces artistes ont besoin du soutien des communes, des villes, des régions, des mécènes et des amis. Sans ce soutien, cet art ne peut pas survivre.
Dans une commune voisine, nous avons rencontré un artiste engagé qui défend sa création et ses positions politiques. Il vit de son art à fond et cela uniquement parce qu’il est soutenu par la commune et l’État et que son atelier, qui est aussi sa maison, est mis gratuitement à sa disposition.Ce n’est pas pour rien que l’on parle de brotlose Kunst, l’art qui n’assure pas la subsistance de l’artiste. De nombreux artistes sont contraints d’exercer un travail quelconque pour gagner leur pain quotidien. Mais cela ne diminue en rien la valeur de leur art, au contraire, cela le caractérise.
Je suis moi-même honoré et très heureux d’avoir été accueilli de manière si positive à Fronton et d’avoir pu, en tant qu’artiste d’honneur, présenter certaines de mes œuvres à l’Automnale des Arts 2022 à Fronton. J’ai même fait partie du jury.
Retrouvez Markus Wanger à son atelier au 57 av. Adrien Escudier, en plein centre de Fronton, mais aussi sur www.wangerart.net
Vous pouvez aussi le croiser et l’accompagner dans son Odyssée au centre des couleurs lors du vernissage de son exposition à la Chapelle St. Roch à Pompertuzat le 18 mars à 18h00.